10 ans de guerre en Syrie - Le renforcement du régime juridique de protection de l’eau en temps de conflit armé.

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Photo credit © ICRC

Le conflit en Syrie entre dans sa 10ème année : en mars 2011 commençait le conflit dans ce pays. En plus d'avoir déjà fait près de 400 000 morts, la guerre en Syrie, a également provoqué le plus grand nombre de réfugiés depuis la Seconde Guerre Mondiale, avec plus de la moitié de la population forcée à la fois de se déplacer à l'intérieur du pays et de fuir à travers les frontières. En février 2020, le Secrétaire général des Nations Unies a déclaré que près d'un million de personnes ont fui leur domicile au cours des derniers mois. Avec la diffusion du COVID-19 au Moyen-Orient, on craint de plus en plus que la Syrie ne soit confrontée à une épidémie majeure - une perspective catastrophique dans un pays ravagé par dix ans de guerre. 

Par sa Plateforme pour le droit international de l’eau douce, le Geneva Water Hub travaille sur le renforcement du régime juridique relatif à la protection de l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement pendant un conflit armé. A travers la Liste de Genève des principes relatifs à la protection des infrastructures hydrauliques, dont les textes de principes sont maintenant disponibles en langue française, le Geneva Water Hub, avec l’appui de son réseau de partenaires à la fois académique et de praticiens, a pour la première fois, systématisé le droit applicable en la matière.   

Au cours de la guerre en Syrie, l’eau a été utilisée comme une arme de guerre par toutes les parties au conflit de multiples façons. Les stratégies employées incluent les coupures délibérées d’eau à la source, les frappes aériennes et les attaques au sol contre les stations de traitement des eaux ainsi que les restrictions d’accès au personnel de secours humanitaire pour le fonctionnement, l’entretien, la réparation et la rénovation des infrastructures hydrauliques. A plusieurs reprises, les résidents de la ville d’Alep ont été privés de leur droit à l’eau potable. En 2016, des millions de civils ont été privé d’eau potable dans le pays de manière délibérée. La coupure délibérée d’eau représente non seulement une violation du droit humain à l’eau, mais a aussi eu un impact sur les droits à la vie et à la santé. Le ciblage délibéré d’installations en eau potable constitue une violation manifeste du droit international humanitaire et des droits humains qui lient toutes les parties à un conflit, tant étatiques que non-étatiques.    

L’eau a aussi été utilisée comme une arme d’expansion du pouvoir politique et économique de l’État islamique (EI) en Syrie. Au cours de son expansion territoriale en 2014, l'EI a pris le contrôle de barrages importants sur l’Euphrate et a utilisé ces infrastructures hydrauliques pour faire avancer son armée et réaliser ses objectifs de renforcement politique dans la région. Les combats intenses que l’EI a engagé autour de barrages, tels que ceux de Tichrine et de Baath dans le bassin de l’Euphrate, et les lourdes pertes qu’il a subies, démontrent l’importance stratégique que ces installations en eau ont représenté pour l’EI. 

Par son travail sur l’eau dans les conflits armés, le Geneva Water Hub et sa Plateforme pour le droit international de l’eau douce, visent à consolider le régime juridique existant et à mettre en place de mécanismes de prévention pour empêcher l’utilisation de l’eau comme arme de guerre, il mène cette initiative en parallèle des travaux d’UNICEF et de ses publications Water under fire. Ces activités du Geneva Water Hub et sa Plateforme suivent également de près les développements relatifs au Projet de principes de la Commission du droit international sur la protection de l’environnement en rapport avec les conflits armés.